Alfred BELA TOMO : « Les résultats atteints par le PEA-Jeunes sont satisfaisants»

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Comment se porte le PEA-JEUNES par ces temps de Coronavirus et quelles dispositions avez-vous prises au sein de votre programme pour renforcer la résilience des jeunes entrepreneurs agropastoraux qui ont bénéficié de votre accompagnement ?

Dès l’annonce par le Gouvernement, le 17 mars 2020 des treize (13) mesures barrières pour éviter la propagation du Coronavirus, le Programme de Promotion de l’Entreprenariat Agropastoral des Jeunes (PEA Jeunes) a élaboré un plan d’actions de riposte contre le COVID-19 en adéquation avec la stratégie globale de riposte au COVID-19 du Gouvernement et de manière générale à celle du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MINADER) et du Ministère des Pêches et des Industries Animales (MINEPIA).

Ledit plan d’actions avait permis de limiter la propagation du coronavirus, de sauver des vies de jeunes entrepreneurs agropastoraux installés dans les quatre régions d’intervention du Programme (Centre, Sud, Nord-Ouest et Littoral) et de renforcer leur résilience. Le financement de plus de Soixante-six millions (66 000 000) FCFA pour une période de trois mois a permis l’achat et l’octroi des kits sanitaire, d’équipements et de protection individuelle à plus de trois mille (3000) Jeunes Entrepreneurs Agropastoraux installés dans les régions d’intervention suscitées. De ce fait, le programme a acquis plus de 5000 paires de gants, 20000 cache-nez, 2500 tonneaux à eau avec robinet, 5000 morceaux de savons et 500 bidons de gel hydro alcoolique. Outre ces kits sanitaires et d’équipements, des supports de communication spécifiques à la cible agropastorale ont été conçus et diffusés dans divers canaux de communication, principalement, le poste national, les radios communautaires existantes dans les bassins de production et les plateformes numériques (Facebook, Twitter, WhatsApp). Aussi, un « guide de conduite COVID-19 pour le Jeune Entrepreneur Agropastoral » a été conçu et tiré en 3000 exemplaires. A ce kit d’informations s’ajoutent, 5000 flyers, 3000 affiches A2 et un spot audiovisuel bilingue traduit en langues locales des régions bénéficiaires (Ewondo, Douala, Bulu, Bassa et en pigin). Le programme a également lancé une campagne de sensibilisation digitale à travers ses différentes plateformes numériques (Facebook et Twitter). Cette sensibilisation dont l’objectif était de mobiliser les jeunes à être des « Ambassadeurs de la lutte contre le COVID-19 » a permis de toucher, plus de 15 000 personnes et a obtenu l’adhésion de plus de 3000 internautes.

Aux actions immédiates sus évoquées et essentiellement orientées vers la lutte contre la propagation du coronavirus aux bénéfices des jeunes entrepreneurs agropastoraux avec l’appui technique et financier du FIDA, un additif de 220 millions a été apporté en guise de relèvement et/ou soutien à la production des jeunes entrepreneurs accompagnés par le Programme dans l’optique de sauver les entreprises agropastorales des jeunes en adressant les contraintes liées à la disponibilité des intrants, à l’accès au marché et aux services financiers auprès des institutions de financement rurales. La mise en œuvre de ce plan de riposte additionnel, qui s’adosse à la stratégie nationale du MINADER/MINEPIA est faite sur la base d’une enquête de l’impact socio-économique du COVID 19 sur les plus de 3000 jeunes entrepreneurs agropastoraux bénéficiaires et en associant étroitement toutes les administrations techniques devant être impliquées.

Nous avons identifié et élaboré de manière précise le mode opératoire pour l’attribution de ces kits COVID. A date, de nombreux jeunes suivant des critères bien définis bénéficient déjà de ces appuis. Nous continuons par ailleurs à encourager les Jeunes Entrepreneurs à respecter les mesures barrières et à privilégier les ventes en ligne.

Le modèle d’accompagnement des jeunes par le MINADER et le MINEPIA par l’approche dite « par incubation » a fait ses preuves jusqu’ici, avec la création de 8 000 emplois des jeunes hommes et femmes âgés entre 18 et 35 ans. Pouvez-vous être plus explicite M. le Coordonnateur ?

Le PEA-Jeunes en 06 ans d’existence compte de nombreuses innovations dans le secteur agropastoral. D’année en année, le PEA-Jeunes affiche de bonnes performances dans l’atteinte de ses objectifs. Son action fait émerger une nouvelle classe des jeunes qui, à travers leurs entreprises agropastorales contribuent au développement du Cameroun à travers la lutte contre le chômage et l’insécurité alimentaire, la création des richesses et à la contribution la stabilité du pays et la cohésion sociale. Son approche éprouvée et approuvée est désormais citée comme modèle d’accompagnement des jeunes dans l’insertion socio-professionnelle, en témoigne son adoption par d’autres acteurs, tant au niveau national qu’international.

Son expérience et les savoirs engrangés sont ainsi régulièrement sollicités dans divers types de rencontres. En effet, le PEA-Jeunes a institué au coeur de son déploiement l’approche par incubation qui décrit une démarche d’accompagnement entrepreneurial au cours de laquelle un Porteur d’initiative Economique (PIE) bénéficie d’appuis coordonnés permettant la maturation du projet entrepreneurial et le développement des compétences pertinentes en relation avec le projet. L’incubation au PEA-Jeunes vise à façonner de véritables entrepreneurs, promoteurs de petites entreprises performantes et intégrées durablement dans les chaînes de valeur agricoles. Ce volet d’activités vise également à faire de ces jeunes des modèles dans leur environnement, capables de promouvoir dans les bassins de production agricole les valeurs de l’initiative privée, de leadership communautaire, de citoyenneté et de solidarité.

Depuis son démarrage, 8 cohortes de jeunes entrepreneurs agropastoraux ont gradué le parcours d’incubation et plus de 4000 jeunes entrepreneurs agropastoraux sont sortis des structures d’incubation disposant des plans d’affaires conséquents et bancables. A ce jour un effectif avoisinant 3000 jeunes entrepreneurs agropastoraux (JEA) ont été installés ou sont en cours d’installation dans les bassins de production agricole retenus par le Programme.

Une mission conjointe gouvernement/FIDA s’est tenue en fin d’année dernière, donnant des conclusions satisfaisantes concernant les objectifs atteints dont la professionnalisation progressive des structures de facilitation et d’incubation; les perspectives de création d’un marché de services non financiers; l’amélioration de l’accès au crédit productif et j’en oublie…Quel est votre niveau de satisfaction ?

Effectivement, une mission de supervision conjointe FIDA/ Gouvernement du PEA-Jeunes a été conduite du 23 novembre au 03 décembre 2020 dans un contexte sanitaire fragile lié au Covid 19. Elle avait pour objectifs de : i) faire le point sur l’état d’avancement des activités du programme ; ii) évaluer sur cette base la qualité de la gestion administrative, financière et comptable du projet et de la passation des marchés ; iii) examiner l’opérationnalité du dispositif de suivi et évaluation du projet et son efficacité; (iv) faire un point sur le dimensionnement et la performance des ressources humaines du programme ; (v) Passer en revue le PTBA et PPM 2020 actualisés et faire le point sur les chantiers prioritaires pour l’année 2021, ainsi que des simulations sur les capacités du PEA-Jeunes à absorber effectivement les ressources de la deuxième tranche de financement dans le cadre de la période de prorogation accordée (24 mois) et faire des recommandations sur les ajustements nécessaires.

A la fin, la mission conjointe Gouvernement-FIDA a noté que la performance du programme est satisfaisante. Elle concluait en ces termes : « les réalisations de 2020 sont globalement satisfaisantes malgré le contexte sanitaire du Covid 19 et le climat socio-politique dans la région du Nord-Ouest … En effet, à la date de la supervision, les résultats cumulés sont : (i) 1 993 / 3700 entreprises établies soit (53,86 %) et 38,78 % gérées par les femmes ; … et (iii) 7972 emplois créés, soit 53,86% par rapport à la cible ». Sur la base de ces constats et conclusions de cette mission de supervision, il ressort que le PEA-jeunes a déjà atteint des résultats dont les impacts sont déjà visibles sur le terrain.

En effet, les appuis ont permis (i) la professionnalisation progressive des structures de facilitation et d’incubation qui se sont familiarisées avec les nouvelles approches de promotion d’entreprises agropastorales; (ii) les perspectives de création d’un marché de services non financiers autour des SIE et du réseau de jeunes ; (iii) le renforcement de la performance commerciale des filières augmentant ainsi la part de revenus revenant aux jeunes ; (iii) l’amélioration de l’accès au crédit productif et, (vi) l’amélioration de l’environnement institutionnel des entreprises agropastorales.

Quelles sont les perspectives du PEA-JEUNES à court et à moyen termes ?

Le PEA-jeunes est un programme innovant dans le contexte camerounais avec plusieurs actions qui ont un potentiel certain de reproduction à grande échelle. Cet instrument du Gouvernement dont la mise en œuvre est régulièrement évaluée à travers divers audits externes et internes ainsi que les missions de supervision conjointes de la maîtrise d’ouvrage et du FIDA affichent des résultats probants après six années d’existence. En effet, depuis la Revue à Mi-Parcours, les rapports de supervision ont continuellement souligné le progrès de son exécution et la forte probabilité de l’atteinte de son objectif de développement. La notation générale du PEA jeunes a été régulièrement ‘satisfaisante. S’appuyant sur la qualité des résultats obtenus et même quantitativement, les différentes parties prenantes au premier rang desquels le gouvernement sollicitent désormais la mise à l’échelle du programme. L’appel à l’élaboration d’une deuxième phase du PEA-Jeunes est devenu récurent dans les discours des institutionnels. La demande sur le terrain est également très forte. Les jeunes de plus en plus s’intéressent à l’entreprenariat agropastoral. Ils font du business dans le secteur agropastoral. Ils comprennent effectivement que « la terre ne trahit jamais » comme l’a si bien souligné le Président de la République lors de son traditionnel message à la Jeunesse en 2016.

Paysan Elite N° 114 de Novembre 2021



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