Collins Aimé Doris Foyem : L’art d’élever les escargots

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Achatiniculteur, comme il aime bien se qualifier, Collins Foyem figure est propriétaire d’un cheptel de plus de 10000 sujets dont plus de 8000 reproducteurs dans sa ferme d’une capacité de plus de 16000 sujets. Il faut dire qu’il a opté pour un système de production exclusivement extensif. Car dit-il, plus ces charmants gastéropodes grandissent dans leur milieu de vie naturel. Mieux, ils se comportent, se portent, et se reproduisent. La seule action de l’éleveur ici se réduisant à les protéger des prédateurs, et d’amenuiser les facteurs limitant leur croissance ainsi que leur cycle de reproduction. La ferme est donc aménagée en plein environnement forestier, avec des arbustes servant d’ombrière et fournissant les fruits dont raffolent les escargots, et sous un couvert végétal bien fourni. Nul besoin alors de rappeler que la production est à cent pour cent biologique.

Il faut noter que Collins Foyem a voulu faire les choses bien et dans le bon sens. Alors, quoi de mieux que de se faire préalablement former à l’élevage de cet animal qui le passionne ? C’est ainsi qu’il va postuler par le biais d’une école technique d’agriculture à un programme de formation et de capacitation du gouvernement camerounais. « J’ai bénéficié d’une formation professionnelle en agriculture par le programme PEA-Jeunes, dont j’ai entendu parler lors d’une réunion des référents de l’ETA de Dibombari. J’en fais partie. J’ai postulé et j’ai été retenu. J’ai également pu installer ma ferme grâce au même programme, qui après ma formation, m’a accordé une subvention et un accompagnement dans l’implémentation de mes activités », nous a-t-il confié.

L’acquisition des reproducteurs pour le démarrage auprès d’un autre achatiniculteur déjà en activité dans la ville de Dschang au prix de 100f l’unité. Preuve qu’il existe réellement un business qui se met de plus en plus en place dans ce secteur. Aujourd’hui, le cheptel est régulièrement agrandi par les escargots issus du ramassage et par les naissains de la ferme.

Un système de production particulier

Vu le système de production utilisé, le plus difficile ici est l’aménagement de l’escargotière en elle-même. Notamment les grillages de clôture, le dispositif d’éclairage et la protection contre les voleurs. Ceci dit, les risques liés à l’activité sont assez faibles et les pertes négligeables. Lorsqu’on est formé aux exigences de ces charmantes bêtes, et pour peu qu’on soit disposé à s’accommoder des horaires de travail tardifs et contraignantes imposées par les escargots qui sont des animaux aux moeurs nocturnes, ainsi que la protection contre les voleurs qui impose régulièrement d’effectuer des nuits de veille. Cependant, le promoteur de la ferme achatinicole nous rassure que l’activité est rentable et nourrit son homme. Les prix pratiqués sur le marché ne descendent pratiquement pas en deçà de 5000fcfa le kilogramme de chair vive, et les sceaux de 15 L se négocient à environ 15000fcfa. Vue les faibles quantités actuellement produites sur les marchés locaux, les productions sont vites écoulées et parfois avant même, achetées avant la récolte des escargots. Toutefois, il est à noter que pour le marché des produits dérivés tels la bave d’escargots très prisée dans l’industrie cosmétique, et la poudre de coquilles utilisée dans l’industrie de la provenderie, le marché est balbutiant, car peu ou presque pas de débouchés, et manque de contacts dans les circuits de distribution de ces produits. Notre éleveur, en l’état actuel, est tout de même capable d’assurer une production de 20kg de chair par semaine, et 2 litres de bave par jour. Il offre aujourd’hui des prestations de services auprès de particuliers qui désirent construire et aménager des escargotières, et offre des formations pratiques dans le domaine à tous les citoyens et jeunes de sa localité qui se rapprochent de lui et désirent se faire former. Il nourrit l’ambition de créer et d’aménager tous les deux ans, une nouvelle ferme de même capacité que la première, afin d’accroitre son cheptel et de garantir à terme une production annuelle de prêt de 675000 reproducteurs, et de constituer un pôle de référence de l’élevage d’escargots dans le bassin de production du Moungo. Il revient maintenant aux pouvoirs publics de mettre la main. Car, l’activité lui a permis de se mettre à l’abri du besoin.

Paysan Elite N° 109 de Juin 2021



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