Covid19 et activité aquacole au Cameroun : les méfaits de la dépendance

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En découpant l’économie mondiale en morceaux, la récession causée par la pandémie de Covid-19 a montré qu’il est risqué, pour ne pas dire dangereux pour un pays de dépendre de l’extérieur pour ses approvisionnements dans des secteurs stratégiques. C’est que la chute actuelle des activités aquacoles au Cameroun, pour cause de fermeture des frontières a révélé nos faiblesses en ce qui concerne en particulier la production locale des alevins et des aliments pour nourrir de jeunes poissons âgés de moins de deux mois. La plupart des géniteurs, des alevins et des aliments concernés étant importés de l’étranger. Du coup, la perturbation a plongé les opérateurs locaux de la filière aquacole dans la consternation.

Dans un contexte où le pays produit à peine 220 000 tonnes de poisson par an et sur une consommation nationale d’environ 550 000 tonnes, la production qui va diminuer pour se situer à 700 tonnes en 2020 contre1 500 tonnes l’année précédente (pour le programme Agropoles notamment), va entrainer une augmentation conséquente des quantités de poisson importés pour compléter le déficit de la production domestique. Ce sont ainsi 160 milliards de F qui vont continuer à sortir chaque du Cameroun l’activité et l’emploi dans les pays d’où nous importons du poisson.

A la lumière de ces données, il apparait que la pandémie de Covid-19 est aussi un mal pour un bien, à condition qu’elle soit appréhendée également comme une opportunité. Dans cette perspective, nous devons, dans le monde d’après refonder notre système de production en prenant toutes les dispositions nécessaires pour être présent à toutes les étapes de la chaine des valeurs. Cette refondation doit s’appliquer à la filière aquacole et aux autres secteurs de l’économie. D’autant plus que, pour la filière aquacole, la plupart des ingrédients utilisés pour la production des aliments destinés aux alevins sont disponibles au pays. En outre, il faut mettre l’accent sur la recherche-développement pour être capable de produire les géniteurs en quantité suffisante au Cameroun. Les débouchés existent et garantissent l’écoulement des produits d’élevage aussi bien au Cameroun que dans la sous-région Afrique centrale. Pourquoi ne pas se lancer ? En attendant de bénéficier d’éventuels appuis gouvernementaux qu’ils sollicitent, les aquaculteurs devraient d’abord chercher à tirer le meilleur des possibilités déjà offertes par les pouvoirs publics en termes de formation et de financement dans l’achat des petits équipements. Ils peuvent des responsables du Projet de développement de l’élevage ainsi que se des autres projets d’insertion comme le PEA-jeunes, l’AFOP et l’AEFA qui soutiennent les projets productifs.

Au total, l’électrochoc crée par la pandémie du nouveau Coronavirus devrait nous servir de leçon. Il renforce l’idée que si nous voulons assurer notre survie dans le monde d’après-covid-19, nous devons être plus ingénieux et plus productifs dans le cadre d’un développement autocentré.

Cameroon tribune / Le titre a été réédité



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