Les jeunes du Pea-jeunes s’imposent sur le marché

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En dépit des conséquences fâcheuses de la pandémie du Covid-19 sur les activités agropastorales en particulier, les jeunes camerounais issus de cette structure de formation, et déjà installés à leur compte, s’en sortent plutôt bien.

Dans le cadre de la Promotion de l’entreprenariat Agropastoral des Jeunes (Pea-jeunes), un peu plus de 2500 ont bénéficié au terme de leur formation, d’un appui technique et financier du principal bailleur de fonds qu’est le Fonds International de Développement Agricole (Fida). Lequel financement a contribué à la création d’entreprises rentables, qui offrent des opportunités d’emplois viables. Au cours d’une récente visite guidée dans les différents sites d’installations, fort a été de constater que la plupart de ces jeunes s’en sortent plutôt bien. Entre autres domaines d’activités l’on peut citer : la restauration ; la transformation et la production des jus naturels ; l’élevage (porc, volaille, lapins etc.) ; la vente de produits phytosanitaires entre autres.

Des entreprises génératrices d’emplois dans la mesure où certains ont pu recruter au moins un employé. Pour ce qui est des bénéfices, Charlyne Mirabelle Maguie des Ets Lyne Phytopharma a le sourire aux lèvres. Cette commerçante de produits phytosanitaires au marché d’Ebolowa avoue avoir fait, au bout du premier mois, un chiffre d’affaire de 500.000 fcfa dont un bénéfice de 50.000 fcfa après les charges. « Au mois de septembre 2020 on avait un chiffre d’affaires de 928.000 Fcfa, et après avoir dégagé les charges on a eu un bénéfice de 85.000 Fcfa. ». Même son de cloche pour Armelle-Catia Mbarga Ndi des Ets Meral Maya à Yaoundé. Pour cette productrice de jus de fruits naturels de marque ‘‘Fleur tropicale’’, « Au mois de septembre 2020 j’étais à 600 bouteilles de jus écoulés à raison de 600 Fcfa la bouteille, et au mois d’octobre j’ai eu à produire environ 800 », affirme-t-elle. Dieudonné Eloundou des Ets Les débrouillards a Ebolowa, a quant à lui vu sa production doubler « je fais maintenant 40 porcs par an. Il m’arrive souvent d’être en rupture de stock par rapport à la demande car, j’en reçois même avant la production », souligne cet éleveur de porcs, par ailleurs conseiller municipal de sa localité. Une faveur qu’il aura gagné auprès des populations grâce aux merveilles qu’il opère dans son entreprise avec l’appui du Pea-jeunes. Entente cordiale entre camarades du Pea-jeunes. Ces jeunes entrepreneurs constituent une famille dès leur entrée en formation au Peajeunes, ceci leur permet de garder le contact sur le terrain. Dans cette logique certains entrepreneurs constituent des potentiels fournisseurs de produits à d’autres de leurs camarades qui exercent dans la restauration ou encore dans l’agriculture voire l’élevage. Emilienne Ngo Tondje, restauratrice aux Ets Emily’s à Ebolowa en est un exemple. « Il y en a qui font dans la production du poulet, donc je me ravitaille chez eux », à sa suite, David Ondoua Etoa des Ets Porc Biocam (Ebolowa) révèle que « les jeunes du Pea-jeunes qui font dans le même domaine que moi me sollicitent souvent lors de leur mise en place pour la livraison de mes porcelets, et je fais le suivi pour garantir leur évolution. ». Preuve qu’ils ont été bien formés ces jeunes entrepreneurs, « mes clients sont exigeants, ils aiment quand je suis présente dans la structure, d’autres même souhaitent uniquement se faire servir par moi », confie E. Ngo Tondje. Comme stratégies de fidélisation des clients, ces jeunes ont opté pour des relances pour ce qui est des particuliers ; des cartes de visites ; du rapprochement avec les jeunes élèves de l’agriculture ; des carnets d’adresses téléphoniques ; des réseaux sociaux ; des foires et expositions ; des séances de dégustation etc.

COVID-19, UN ÉLÉMENT PERTURBATEUR

Cette pandémie a eu un sérieux impact sur les activités des jeunes entrepreneurs du Pea-jeunes causant ainsi un problème de ravitaillement en marchandises ; le coût élevé de l’aliment. Selon ces entrepreneurs, le sac de vivres qui s’évaluait à 14.000 Fcfa est directement monté à 17.000 Fcfa. Une situation qui a poussé certains à écouler leurs marchandises à vil prix. « Pendant le confinement, je vendais les poulets de deux mois à 2500 Fcfa au final on n’atteignait plus le coût de production », se plaint Françoise flavienne NKODO (Ets Poulailler Mains d’Or), productrice de poulets de chair. Comme elle, d’autres jeunes ont connu une baisse de la clientèle. « Je vendais en moyenne 60.000 Fcfa par jour. La situation a chuté avec l’arrivée du Covid-19 où j’ai presque passé une année blanche. Je suis aujourd’hui à environ 15 plats par jour », se désole Christelle Makamte, restauratrice à Yaoundé.

Toutefois, ces jeunes chefs d’entreprises ne baissent pas les bras. Certains ont déjà pu relancer leurs activités, comme l’indique le jeune David Ondoua Etoa. « J’ai pris mon deuxième crédit tout récemment auprès de ma banque, et cela m’a permis de relancer mon activité passant ainsi de 15 têtes à 32 têtes de porcs ». D’autres nourrissent déjà des projets futurs tels que la transformation de la viande de porc en saucisson, ou encore l’extension de l’entreprise. « Je compte engraisser et commercialiser 50 lapins. Et demeurer la meilleure », rassure Edo Jeanne Raissa, qui élève des lapins à Mbankomo. Bien que déjà installés à leur propre compte, ces jeunes entrepreneurs du Pea-jeunes continuent de bénéficier du suivi régulier de leurs business-coach qui les accompagnent tout au long du processus, de l’installation à la commercialisation, donnant au passage des astuces d’alimentation ou encore des méthodes de fidélisation de la clientèle

Francine Atangana / ANAGSAMA n°76 /Novembre 2020



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