PEA-Jeunes : la nécessité d’une reconduction du programme

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Au regard des résultats engrangés depuis sa mise en place et alors que l’on s’achemine vers sa fin, il serait grand temps de penser à une rénovation, tant il apparait aujourd’hui qu’il existe de milliers de jeunes entrepreneurs agropastoraux au Cameroun.

Le 12 Février 2015, le Gouvernement Camerounais et le Fonds International de Développement Agricole (FIDA) signaient l’accord de financement pour mettre en place le Programme de Promotion de l’Entreprenariat Agropastoral des Jeunes (PEA-Jeunes). Ledit accord d’un montant de 33 milliards couvrait la période 2015-2021.

Toutefois, pour des raisons indépendantes de la performance du programme, laquelle est régulièrement notée satisfaisante, le gouvernement camerounais a introduit le 15 mai 2020, une requête de prorogation du programme. Ladite requête a abouti à une décision favorable du FIDA le 16 novembre 2020 qui a du étendre les dates d’achèvement et de clôture du programme respectivement au 31 mars 2023 et au 30 septembre 2023 assortie des conditionnalités à exécuter par le programme. A la signature de cet accord de financement, il fut assigné au PEA-Jeunes l’objectif de promouvoir le développement d’entreprises rentables gérées par de jeunes hommes et femmes, intégrées dans les chaînes de valeurs des filières agropastorales porteuses, et créatrice d’emplois. A cet objectif, un indicateur objectivement vérifiable avait été attribué à savoir : 3700 entreprises dont 30 % gérées par les femmes sont établies et créent au moins 15 000 emplois directs et indirects. Le programme en 06 ans d’existence compte de nombreuses innovations dans le secteur agropastoral. D’année en année, le PEA-Jeunes n’a cessé d’afficher de bonnes performances dans l’atteinte de ses objectifs. Son action fait émerger une nouvelle classe des jeunes qui grâce à leurs entreprises agropastorales contribuent au développement du Cameroun à travers la lutte contre le chômage et l’insécurité alimentaire, la création des richesses, la stabilité du pays et la cohésion sociale. Des résultats qui sont obtenus grâce à l’approche dite « par incubation » promue et développée par le Programme.

Car, il faut bien le dire, depuis son lancement en 2015, le PEA-Jeunes s’est inséré dans un environnement quasiment vierge et revêtant un caractère très innovant, du moins en ce qui concerne l’incubation des jeunes dans le secteur agropastoral. Il s’est dès lors agi pour le Programme d’élaborer des stratégies et des outils, de structurer une démarche permettant de concentrer au sein d’un centre de formation à vocation agropastorale le savoir-faire facilitant la mise en œuvre des appuis financiers et non financiers devant permettre aux jeunes Porteurs d’Initiatives Economiques (PIE) de migrer progressivement de l’idée de projet vers la création, le développement et la consolidation d’entreprises agropastorales performantes et d’en assurer une gestion technique et financière efficace.

Depuis son démarrage, 8 cohortes de jeunes entrepreneurs agropastoraux ont gradué le parcours d’incubation et plus de 4000 jeunes entrepreneurs agropastoraux sont sortis des structures d’incubation disposant des plans d’affaires conséquents et bancables. A ce jour un effectif avoisinant 3500 jeunes entrepreneurs agropastoraux (JEA) ont été installés ou sont en cours d’installation dans les bassins de production agricole retenus par le Programme. Sans flagornerie, le PEA-Jeunes a atteint des résultats dont les impacts sont visibles sur le terrain. Des actions qui constituent de véritables leviers à l’entreprenariat rural des jeunes et qui sont désormais inscrites dans la pérennisation avec une vision claire de mise à échelle. Aussi, peut-on faire allusion à l’éclosion de plusieurs structures dont on ne s’imaginait même pas l’existence. Pour consommer des escargots par exemple, il suffisait de se lever de bonne heure, parcourir une certaine distance pour en récolter dans la nature. Personne ne s’imaginait qu’on puisse les élever. Il en est de même des champignons qu’on allait cueillir en brouse. Que dire alors de la cueillette du miel ? De nos jours, grâce aux possibilités apportées par le Pea-jeunes, on parle de l’élevage à grande échelle des escargots, de la culture du champignon, de l’apiculture et bien d’autres aspects dont on ne s’imaginait même pas l’importance et dont l’aspect dévalorisant n’avait aucun impact incitatif. En somme, grâce au soutien apporté par ce programme, on a assisté à l’éclosion de plusieurs petits métiers qui ont sorti des milliers de jeunes de la précarité. Une réussite à mettre à l’actif des responsables qui ont été amenés à conduire ce programme sur le terrain. Démontrant par la même occasion leur amour pour leur pays, contrairement à d’autres programmes qui n’ont pas prospéré quand bien même toutes les dispositions avaient été prises. Plaider pour une autre reconduction ne serait que raisonnable au regard des résultats engrangés. Le cas échéant, il reviendra alors de procéder juste à de petits réaménagements dans la perspective d’une amélioration et de l’atteinte d’autres résultats encore plus probants, plutôt que de toujours attendre une aide (conditionnée) de l’extérieur.

Martin Paul Akono

Paysan Elite N° 114 de Novembre 2021



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